mes tasses
Quelques réflexions sur la façon dont je vis avec mes tasses au quotidien...J'utilise ces tasses exclusivement pour le thé japonais.
Photo de groupe de mes principales tasses, (toutes ne sont pas là, j'en utilise quelques unes au bureau...) (H : Hauteur / D : Diamètre) (j'espère que je ne dis pas trop de bêtises dans leur description...).
De gauche à droite :
- Tasse de David Louveau, H 7 et D 11 cm, couverte grise + émail blanc laiteux, magnifique coulure à l'intérieur, superbes gouttes sur le pied. Je l'adore pour sa forme et sa relative grande taille qui invite à la tenir à 2 mains dans une attitude de méditation. Elle offre aussi une belle vue sur la liqueur. Robuste et précise à la fois.
- Yunomi Yohen Kohiki de Hamada Jyunri, H 8 et D 7.5 cm. Yohen peut se traduire par "changement dans le four" et désigne des manifestations aléatoires qui se passent pendant la cuisson. Kohiki désigne une pièce d'argile riche en fer, à couverte blanche qui est dans un 2è temps recouverte d'un émail transparent. Il me faudrait plusieurs lignes pour lister toutes les qualités de ce Yunomi. C'EST MON CHOUCHOU du moment. Présence en main parfaite, solide, robuste, en même temps subtil. De près il révèle du pointillisme à la Seurat, c'est magnifique. Certaines faces sont aplaties, des zones marron, blanche, crème, violette, bleue...
- Yunomi "Kairagi" - peau de requin de Mukuhara Kashun, H 6.5 et D 8 cm. Mon premier achat de céramique japonaise en avril 2011. Très polyvalent. Ma tasse qui évolue le plus, les fameux "7 changements de Hagi" : l'apparition progressive de "fissures" internes, assez fascinant phénomène. Elle restitue très fidèlement la couleur de la liqueur, chose que j'apprécie beaucoup.
- Spring galaxy glaze de Tetsuaki Nakao, H 7 et D 7.5 cm. L'OVNI, la tasse extraterrestre, la féérie chaque fois renouvelée. Cette tasse me fait basculer dans un autre univers à chaque fois que j'y verse du sencha. Je suis incapable de restituer son infinité de détails avec mon appareil photo du siècle dernier hélas...Des paillettes bleu ciel, un fond turquoise dans lequel on se noie volontiers, un pied sublime. Une pièce indispensable dans toute collection de céramiques japonaises, si modeste soit-elle.
- Yunomi de Andrzej Bero, H 7.5 et D 6 cm. L'accolyte désigné pour mon kyusu bleu de Yamada So que vous avez vu sur les photos précédentes. Léger, fin, toucher crayeux comme le fait merveilleusement Andrzej. Halo bleu-vert. Intérieur avec émail très fin.
- Coupe cuite au feu de bois par Eric Soulé, H 4 et D 10 cm. Une approche différente de la liqueur. Comme si l'on buvait l'eau d'un ruisseau au creux de ses mains. Invite à la concentration, la présence. On surplombe la liqueur, on est si près d'elle. Infinité de détails à l'intérieur, pied magnifique.
- Guinomi de style Daisen-yaki, H 4.5 et D 7.5 cm. Superbes effets à l'intérieur, on se croirait dans la Guerre de étoiles, une scène de bataille spatiale, une impression de vitesse qui nous plonge vers le centre de la tasse, le fond est bleu-noir intense. Fascinant. J'adore l'épaisseur de la couverte blanche et la façon dont elle coule vers le pied.
Après cette description succinte, quelques réflexions en vrac...
+ Je ne pensais pas, alors que je devenais amateur de thé, devenir un jour aussi passionné par les tasses, la céramique en général. J'ai toujours adoré les théières, j'accordais alors moins d'importance aux tasses. C'est ma passion pour le thé japonais qui a fait naître cela en moi. Pour mon pu er, je suis nettement moins exigeant, j'utilise toujours la même tasse céladon de Petr Novak...
+ Au fil du temps, j'observe une sorte de spécialisation des tasses avec mes kyusu. Il se forme des couples ou des trios...La tasse de David Louveau et le Yunomi Kohiki (2 à gauche), je ne les utilise quasiment que pour des fukamushi sencha et avec mon kyusu rouge Yamada So. La Nakao, c'est avec mon kyusu yakishime (cuit au bois) pour une liqueur vert dorée de futsumushi sencha. Le yunomi bleu avec le kyusu blue glaze...Le yunomi blanc "peau de requin" serait le plus polyvalent...Ce n'est pas volontaire, ça se fait comme ça...
+ La présence en main(s) est un critère primordial pour moi. C'est pourquoi je préfère la forme Yunomi aux formes plus ouvertes et évasées. C'est pourquoi aussi je préfère les tailles et volumes assez grands aux guinomis (celui de droite). Je n'utilise pas de pot de réserve, je verse directement du kyusu vers la tasse, donc un guinomi est insuffisant pour tout recueillir d'un coup. Le Kohiki (2è gauche) est parfait pour cela. Je l'ai si bien en main, je peux le tenir fermement sans risque. Je constate que des dimensions approximatives de 7-8 cm de hauteur, et 7-8 cm de diamètre est quelque chose qui me correspond parfaitement.
+ Quand je déguste un sencha, une fois vidé le kyusu, je ne quitte pas ma tasse des mains, je savoure ma gorgée la tasse en main, je l'observe sans arrêt...C'est donc une pièce très importante du chaki, même si le kyusu reste mon ustensile préféré...
+ Un des critères importants pour moi est la façon dont une tasse va évoluer au fil du temps, comme se patine et se culotte une théière. Ce sont par exemple les "7 changements de Hagi" dont j'ai déjà parlé, la façon dont évolue une tasse de style Hagi, dont apparaissent des fissures à l'intérieur et à l'extérieur, fissures qui se chargent de thé au fil des infusions...Aujourd'hui je l'ai constaté sur le Yunomi blanc de Mukahara Kashun (2 ans d'utilsation régulière environ). Mes autres tasses vont peu évoluer je pense. Mes prochains achats seront davantage orientés sur ce critère...
+ Je suis partagé entre 2 "stratégies" : découvrir tous azimuts des artistes différents, des styles de céramiques différents / et me concentrer sur de plus rares pièces mais plus "hauts de gamme". Je n'ai vraiment pas l'âme d'un collectionneur, j'aime les sets à thé minimalistes, les plus resserrés possibles, peu d'ustensiles pour mieux les apprécier chacun. Mais quand on a la chance de progressivement connaître de nouveaux potiers, on est impatient à chaque nouvelle cuisson, leur style évolue, on veut tout connaître, tout expérimenter...ah cruel dilemne non ?
Bon, je vais m'arrêter là...il se peut que je fasse un épidose 2) prochainement...
Et vous, comment vivez-vous avec vos tasses au quotidien ?