Wulong aux cheveux blancs
Albi. 31°C à l'ombre. Tout couvert encore de l'eau de la piscine, que le soleil puissant vient immédiatement sécher, je m'attable pour déguster mon Bai Hai Wulong. Le 14 juillet est passé mais c'est encore le feu d'artifice. Les feuilles dans la boîte tout d'abord. On entre dans une boulangerie : brioche, pain frais et chaud. Puis on parcourt la campagne en cette période de moissons, et on longe un champ de blé fraîchement récolté, parfums de chaumes et de paille. Puis les feuilles dans le zhong chaud. Du caramel, c'est très dense et sucré. En bouche, la palette aromatique est large : du beurre, du lait, des fleurs : je ne sais trop lesquelles, en tout cas ce n'est pas : rose, magnolia, laurier sauce, pois de senteur, jasmin (les fleurs présentes dans le jardin). Des fruits secs aussi : amandes, raisins. C'est devant une telle richesse que me sont revenus les vers de Verlaine
Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous
La liqueur a assez peu de corps, elle est légère et fraîche, agréable en cette chaleur. Je m'attendais à y trouver plus de structure et de complexité, mais je connais encore mal ce thé, nul doute que je n'ai pas encore exploré toutes ses facettes. L'entrée en bouche est parfumée, des fleurs, la finale est plutôt longue et essentiellement pâtissière. Je n'y ai pas trouvé la note franche de miel que l'on cite souvent pour décrire ce thé...J'ai aussi été surpris par la taille et la couleur des feuilles : le dernier bai hao que j'avais goûté avait des feuilles plus petites et d'un brun marron homogène. Là les feuilles sont plutôt grandes et la couleur va du vert kaki au brun. J'ai essayé de voir si l'on remarquait les trous que font les insectes dans les feuilles, créant la réaction de défense de la plante qui donne un goût si particulier à ce thé. J'ai vu des trous, des petites déchirures. Mais sont-ce là les traces des passages des petits insectes ? Ces trous sont-ils seulement visibles ? ...
Voilà, un bien joli thé en tout cas, sacrément riche et dense. Un thé qui fait voyager, comme nous y invite Jules Supervielle...
Voyageant d'île en cap et de port en surprise
Il démêle un intime écheveau d'horizons